Et c'est visiblement comme ça dans toutes les institutions censées exister pour la protection des citoyens. J'ai bossé avec un autre service de l'Etat où je m'étais engagé pour défendre mes concitoyens, mais au final on était juste d'énièmes rouages dans la machine à créer du profit, et j'ai claqué la porte, avec pertes et fracas. Partout où j'ai pu les voir de près, nos structures sociétales les plus essentielles ont été infiltrées, contaminées, souillées, vidées de leur substance par la même catégorie de petits comptables sans âme nés d'une grisaille morale et intellectuelle sans fond dans laquelle le vivant est ultimement réduit au chiffre qu'il produit. Le reste, les objectifs nobles, tout ça n'est plus qu'une façade, une gigantesque pièce de théâtre offerte par une armée de caniches communicants et répétée dans l'impuissance de chaque bureau.
Je n'ai jamais été très fan ni proche de la maison Poulaga, mais je ne peux que comprendre que les flics n'en puissent plus. Et la réponse proposée par le sommet de leur hiérarchie, encore cette semaine ? "On va baisser les impôts". Comprenez : on va continuer à s'entêter dans notre idéologie coupée du réel, dans laquelle on démantèle l'Etat protecteur pour en distribuer les morceaux à nos condisciples de la secte du fric. Vous rêviez de davantage d'effectifs ? Désolé, mais ça n'est pas rentable.
Malgré la peine que l'interminable multiplication de ces nouvelles détestables m'apporte, j'y trouve un certain réconfort, dans le fait que chaque jour qui passe, je suis davantage conforté dans mes réactions passées, jugées trop abruptes à l'époque, mais qui progressivement doivent prendre la coloration d'un dégoût justifié aux yeux de ceux qui m'entouraient et ne m'avaient alors pas suivi.
Pour avoir dénoncé cet état des choses lamentable et dangereux, pour avoir osé envoyer chier une partie des bons à riens au sommet de cette grandissante pyramide du mange-merde, et avoir laissé filtrer une colère juste, j'ai récolté le droit d'être surveillé, soupçonné, bâillonné par mes pairs ; et ce message, comme d'autres avant lui, est lu par des gens qui, professionnellement, se doivent de se méfier que ce que je mijote, mais qui, humainement, savent chaque jour un peu plus combien j'avais raison.
Alors, à ces petits loulous de l'ombre : vous vous demandez ce que j'attends ? Vous. Tant que vous persisterez à vous voiler la face et refuser de voir que vos hauts idéaux personnels ont été totalement viciés et poussés de côté par ceux à qui vous obéissez, agir n'aura pour moi aucun sens. Alors je vous attends. Ca prendra le temps que ça prendra, mais tôt ou tard, vous atteindrez, comme moi, la limite de ce que vous pouvez tolérer en termes de destruction et de perte de sens. Vous réévaluerez vos certitudes quant à la voie qui comporte le plus de risques. Et alors on pourra passer aux choses sérieuses. D'ici là, évitez de vous flinguer.