Boucle infinie

Début 2010

Olbonar rentrait des cours. Une fois la porte de son studio fermé, il alla s'écraser sur son lit, la tête la première.
J'ai cet exo de maths à rendre, une khôlle en physique vendredi soir à 18h. Et les exams sont dans deux semaines. Je n'ai toujours rien révisé.

Il se redressa.

Dos contre le mur, les jambes pendantes hors du matelas, il contemplait sa chambre. Son regard tomba sur la montagne d'assiettes sales de sa kitchenette.
Cet évier qui se remplit...'faut vraiment que je fasse la vaisselle.

Son ventre gargouilla. Il se leva, ouvrit la porte de son petit frigo. Vide.
J'ai vraiment pas envie d'aller faire les courses et de me préparer à manger.

Il soupira. Et alla se rallonger sur son lit. Moment de silence.

Deux minutes plus tard, son portable vibra et le fit sortir de sa torpeur. C'était un sms de son meilleur camarade de classe :

"Alors, t'es ok pour la soirée médecine avec Bast et Planchat?"

Merde, j'avais oublié.
Moi qui voulais prendre le temps de faire de la guitare. J'peux pas vraiment faire mon asocial...j'pourrais me trouver une copine, qui sait? Mais, je vais être cassé demain, ça le fait moins pendant les cours...Grmbl

De nouvelles minutes s'écoulèrent. Allongé, Olbonar laissait son esprit vagabonder hors du temps, assailli par toutes ces contraintes.

 

Soudain, il sentit quelqu'un dans la pièce. Il se leva. Et s'immobilisa.

Une copie conforme de lui-même, qui se tenait debout devant lui, le fixait.

Olbonar ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais son double l'interrompit.

"Tu ne rêves pas. Je suis ton double du futur. Pince-toi si le souhaites."

Olbonar du présent se pinça.
Olbonar du futur était toujours là.
Merde. Je deviens fou maintenant.

"Non tu n'es pas fou, jeune Olbonar. Je suis une expérience de pensée qui vise à aider un redditeur du futur.
— Euh...Quoi ?
— Je disais...roh puis merde, laisse tomber. Asseyons-nous, on va discuter un peu de ton avenir."

A ces mots, Olbonar du turfu s'installa sur le lit. Perplexe, jeune Olbonar hésitait.
Je suis dans un trip ou bien? Aller, je n'ai rien à perdre, trippons gaiement.

 

"Dis-moi ce qui ne va pas, demanda Olbonar du futur.
— Je ne sais pas où donner de la tête, répondit le jeune. J'ai mille et une choses à faire. Je me sens dépossédé. Cela va être comme ça le restant de ma vie? Recommencer la même chose, jour après jour, contrainte après contrainte, et échouer à chaque fois, sans profiter de la vie, en boucle infinie? L'enfer.
— Oui, mais...il existe une autre voie.
— Putain, me fait pas le coup du moine shaolin, je déteste ça.
— Ne t'inquiètes pas. Comme tout esprit de débutant, il te faut des règles bien établies. Avec l'expérience, tu remettras en question ces règles. Tu les dépasseras et tu traceras ta propre voie.
— ...
— Ok, ok, j'ai compris."

Olbonar du turfu se leva et se dirigea vers le bureau du jeune. Un foutoir monstre était posé dessus. D'un geste, il balaya de la main toutes les affaires qui se trouvaient là. Sacoche, classeurs de cours, feuilles de papier, trousse, stylos se déversèrent sur le sol.

Jeune Olbonar bondit.
"Hé mais qu'est-ce tu fous?!"

Le vieux ne l'écoutait pas. Il se dirigea vers l'étagère. Et recommença. Cette fois-ci, c'étaient une dizaine de livres qui se répandait par terre.

"Arrête!, s'exclama le jeune. Qu'est-ce qui t'prends? Bordel, je te dis que j'ai trop de choses à faire, et toi, t'en rajoutes? T'es vraiment venu pour m'aider?
— Alors, c'est comme ça que tu résous tes problèmes? En gémissant? En te plaignant sur les milles et une choses à faire?
— Mais non! Le problème c'est que j'ai TROP de trucs à faire. Je suis de bonne volonté pour travailler, mais là, je me sens tel Atlas portant le monde.
— Et si tu lâches, c'est le monde qui s'écroule sur toi.
— Exactement.

 

Le vieux, esquissa un sourire. Il posa une main réconfortante sur l'épaule du jeune.

"Je vais t'apprendre à te délester de ton fardeau.
— Comment ?
— En te montrant quelques principes de productivité personnelle."
De la productivité personnelle? Et puis quoi encore? A ce niveau là, c'est un psy qu'il me faut.

Le vieux se baissa et prit quelques feuilles blanches, du scotch, des post-it, un marqueur, un stylo, des chemises cartonnées, des classeurs et des feuilles plastiques qui jonchaient sur le sol encombré.
Il marqua quelque chose sur une feuille et le scotcha sur un mur.

"Première étape, de loin la plus importante : capturer tes actions", dit le vieux.

Il lui balança le marqueur et un bloc de post-it.

"Ta nouvelle vie commence maintenant, dit-il.
— Euh...ok. Qu'est-ce que je suis censé faire?
— Noter tout ce que tu dois faire ou envie de faire. Tout ce qui te préoccupe et qui demande une attention de part.
— Tout? Genre...vraiment tout?
— Tout.
— Ca va me prendre combien de temps?
— Tout une vie.
— Tu rigoles?

 

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