En france on s'en contrefout de la santé mentale et je commence à en payer les frais

l'anxiété a pris des proportions absolument scandaleuses

J'aime la façon de le dire. Mais bref.

 

J'ai une dizaine d'années de plus que toi et je suis un mec, donc ce qui suit vaut ce que ça vaut, mais voilà ce qui a marché / pas marché pour moi, si tu peux y puiser un truc utile alors ce sera déjà ça. Pour indication, j'ai "craqué" vers mes 30 ans, après pas mal d'années à avoir donné le change, joué les gros durs et essayé de porter le monde sur mes épaules.

Pas marché, tout d'abord :

  • Les spécialistes HP (ou peu importe le terme). J'avais creusé sur le sujet pendant quelques mois, pris contact avec des assoc', acheté des bouquins et tout (Celui qui me revient c'est "L'Adulte Surdoué" de Jeanne Siaud-Facchin). J'ai lâché l'affaire. Ca me semblait être juste une énième bulle arbitraire de circlejerk comme le 21ème siècle semble être doué pour en produire à la douzaine, et celle-ci était parfumée avec un vieux fond moisi de bourgeoiserie intellectuelle. Mon cerveau décortiqueur n'a pas accepté l'entourloupe bien longtemps.

  • Être impatient et compter sur quelqu'un d'autre. C'est peut-être dur à entendre, mais quoi qu'il arrive on reste seuls face à ce genre de trucs. Et c'est tant mieux, dans un sens, c'est un beau challenge. La "solution", la petite recette qui marche, ne pouvait venir que de moi, et ce serait un chemin tortueux. Le but n'était pas autant de se débarrasser de quelque chose que d'apprendre à vivre avec. On peut toujours s'entourer de gens qui nous font du bien, c'est toujours un bonus, mais ils ne peuvent pas être la solution, et ne feront parfois que repousser l'effort personnel nécessaire. Pour ma part j'ai pas trop eu le choix, je me suis retrouvé complètement seul du jour au lendemain, et même si sur le moment ça m'a abimé et fait grisonner les tifs plus tôt que prévu, rétrospectivement je suis content : je sais désormais vivre seul avec moi-même, je me connais et j'apprécie ma propre compagnie.

  • Les psychologues recommandés par le boulot. Primo parce que j'estime les psychologues à peu près aussi utiles pour réparer les gens que les astrologues pour envoyer une fusée sur orbite. J'ai toujours préféré les psychiatres, même s'ils ont leur propre lot de boulets. Deuzio parce que j'avais à une époque un job qui incluait une obligation de suivi régulier, et c'était juste de la bureaucratie avec un vernis humain. Je déconseille.

  • Tourner à vide. Le cerveau c'est un peu une formule un. Si on la laisse à faire des dérapages en rond au milieu du désert, elle va vite se faire chier. Il faut lui donner du terrain à explorer. La famine intellectuelle est un tueur, en particulier pour les cerveaux câblés en mode rapide.

  • Considérer mon cas comme exceptionnel. "On chie tous par le même trou", comme disait l'autre. Ou, pour être moins brutal : "Chaque personne que l'on croise mène un combat dont on ne sait presque rien".

  • Ne pas choisir de juste équilibre entre "l'effort mental maximum permanent" et ". Bref être tantôt trop exigeant ou pas assez envers moi-même. Les chouettes choses dans la vie ont souvent un délicat équilibre.

  • Les illuminés/vautours new age. Quand on se retrouve au fond du trou, on voit souvent sortir du bois quantité de gens gravitant autour du business du bien-être et autres pseudo-sciences. Tu feras bien ce que tu veux, moi j'ai plaisir à faire remonter à la surface leurs gros soucis internes jamais résolus, prouver ainsi que leurs conseils ne valent pas tripette, et les renvoyer à leurs groupes Facebook de soutien avec leurs conseils et leur huile de cul de serpent à 5,99€ seulement. Oh, par contre, la méditation est une chouette chose pour améliorer la maîtrise de son propre cerveau, et c'est dommage que le sujet ait souvent été confisqué par ce genre de tristes charlatans.

  • Se fixer des objectifs juste pour faire plaisir aux autres. Personne n'était dupe, moi le premier.

Ce qui a marché :

  • La gloutonnerie intellectuelle. Quantité de bouquins de non-fiction dans mon cas, car la fiction me donnait l'impression de ne rien apprendre du monde.

  • La popote. C'est l'une des 2 seules activités humaines qui stimulent les cinq sens à la fois.

  • La stabilité financière. Même si ça fait chier que le monde soit goupillé de manière que ce point puisse être important, c'est tout de même un sacré boulet en moins que de ne pas avoir à s'inquiéter pour l'argent. Quitte à prendre un boulot qui ne me passionne pas intensément mais suffisamment pépère et stimulant pour m'apporter un petit confort. La routine n'a pas que des défauts.

  • L'intervention d'un(e) psychiatre. Je suis conscient que c'est un peu la loterie. Personnellement, j'ai énormément tardé, précisément pour cette raison, avant d'aller consulter. Il m'a fallu le décès d'un proche pour finalement me décider à me bouger le cul. Et au final ça a été un petit bonus non négligeable. C'était réglé en trois séances : état des lieux du bordel/noeud existant, bouclage (de manière honnête et satisfaisante, c'est important) des problèmes restés ouverts, et puis plans d'avenir.

Trucs pas essayés mais qui pourraient peut-être être sympas :

  • La musique. Idéalement jouer d'un instrument au sein d'un orchestre m'aurait bien plu, mais comme c'est pas évident en ce moment, je pense que simplement expérimenter sur Ableton ou autre aurait pu me faire du bien quand j'étais mal.

  • Le théâtre. Là encore, il y a le côté satisfaisant de "créer" mélangé à la contrainte structurante de devoir s'accorder avec un environnement et être exigeant envers soi-même. Bon, pour le moment, c'est pas trop possible, mais plus tard why not.

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