Throwaway

3615 my life

Je vois une meuf depuis quelques temps. Elle est cool, on est assez différents, et elle m'aime bien. Je l'aime bien aussi, mais ça je ne lui dis pas car ça me terrifie.

Je crois qu'à ses yeux j'ai l'image d'un type assez calme, qui réfléchit pas mal (qui se prend la tête pour rien des fois, aussi), qui ne parle pas énormément et un peu feignant. C'est comme ça qu'elle me voit et elle m'a complimenté. Donc elle m'aime bien comme ça. Le truc, c'est que ce personnage du type un peu posé, c'est pas vraiment moi. En vrai j'ai assez peu confiance en moi et je n'ai aucune idée d'où je vais. J'arrivais à sauver les apparences dernièrement car j'étais pas mal occupé - un peu sur une rail quoi - et je n'avais pas le temps de réfléchir beaucoup. (Quand j'ai du temps pour réfléchir ça ne me réussit pas).

Pour la période de Noël je suis en vacances et cette nana rentre chez elle pour deux semaines. J'étais content car ça me permettait de souffler un peu. Sauf que je chope un gros coup de blues, comme c'est le cas d'habitude à la période de Noël et au tournant de la nouvelle année, et que j'ai du temps : avec l'arrivée d'une nouvelle année mes peurs de ne toujours pas savoir où je vais et pourquoi se réactivent, et j'ai du temps pour les ruminer. Je sors peu, parce que je n'en ai pas envie. J'assure le minimum : je vais fêter le Nouvel An avec pleins d'amis, malgré mon moral en berne. Ça ne se voit pas trop : je n'ai pas trop d'efforts à fournir quand je suis avec mes amis, je peux me contenter de me laisser porter par la soirée. Ce que j'évite en revanche dans une période comme celle-là, c'est les interactions seul-à-seul ou en cercle réduit, car on voit vite que je n'ai pas le moral.

Passé le Nouvel an, je ferme carrément mon téléphone et Facebook, ça ne va vraiment pas fort.Je ne souhaite même pas la bonne année à la nana que je vois depuis quelques temps ; j'ai envie de me couper du monde. Je n'ai même pas le courage de faire comme si j'étais content de parler avec cette fille. Genre elle m'envoie un message gentil sur Messenger, je l'ignore délibérément. Pas par méchanceté, mais parce que je n'ai vraiment pas envie de parler avec qui que ce soit. En vérité j'ai trop honte pour faire face à qui que ce soit.

Le samedi, elle me renvoie un message que je reçois par inadvertance - je switche quand mon téléphone en ligne quelques minutes une ou deux fois par jour pour voir si je n'ai pas reçu un message vraiment important - qui dit que je pourrais au moins prendre la peine de lire son message, à défaut d'y répondre. Le dimanche, je lui réponds que je suis désolé, c'est nul mais je n'ai pas mieux. Sachant qu'elle revient le lendemain, je lui souhaite un bon retour, et c'est tout. J'aimerais lui dire que je suis impatient qu'elle rentre et que j'ai hâte de la revoir - c'est vrai - mais je n'ai pas du tout envie de la voir - c'est vrai aussi - car je n'ai pas le moral. Et la reprise approche, j'ai pas mal de boulot et décisions à prendre en perspective. J'esquive le tout comme je le fais si bien quand je suis paralysé par la peur et l'anxiété : je fais comme si les échéances ou les autres n'existaient pas. Le seul truc que j'assure à peu près c'est d'aller voir ma psy lundi, et ça ne va pas fort.

Lundi, je reçois un nouveau message de cette fille, qui me demande où se trouve notre exam du mardi. Je lui réponds, et elle me propose de se retrouver une heure avant pour s'y rendre, prétextant que c'est pour être sûr d'avoir des bonnes places. C'est mignon car c'est un prétexte pour se voir ; mais je n'en ai pas du tout envie. En fait je n'ai pas du tout envie car je n'ai pas envie qu'elle me voit comme ça car je suis naze de chez naze. Estime de soi 0, confiance en soi 0, je ne sais pas le dire autrement.

Résultat j'esquive une énième fois sa proposition en prétextant que c'est trop tôt pour moi, elle me répond que je ne fais aucun effort, et que c'est franchement vexant. Je suis tellement pathétique que je reviens sur ma réponse en lui répondant cette fois que je suis désolé, ok, on se rejoint une heure avant si elle est toujours d'accord. Elle me dit qu'elle y sera avec une amie, je peux les rejoindre à l'heure que je préfère.

Ce matin je ne les ai pas rejoins, je me suis contenté d'arriver juste avant l'examen et d'en repartir le plus vite possible. D'ailleurs c'était son anniversaire pendant les congés de Noël : je ne lui ai pas acheté de cadeau - pas d'idée - et je ne me sens pas de la voir pour lui offrir.

Je pense que l'incompréhension est totale de son côté, elle ne doit pas comprendre le revirement entre avant son départ, où tout allait bien, et maintenant, elle doit me prendre pour un gros tocard et j'ai probablement cassé le lien de confiance entre nous deux. Je sais que le plus simple serait que je lui envoie un message pour m'excuser - là, maintenant - en lui disant que mon comportement était nul depuis une semaine, que ça n'était pas par méchanceté mais juste parce que ça n'allait pas fort, qu'il ne faut pas qu'elle le prenne personnellement et que je suis désolé. Sauf que je ne le fais pas car je n'ai toujours pas envie de voir qui que ce soit, ni elle ni d'autres gens, et du coup je n'ai pas envie de lui envoyer ce message pour lui dire derrière que je n'ai toujours pas envie qu'on se voit, tu comprends.

C'est marrant car je vais quand même voir des amis le week-end qui vient, car je me suis engagé à venir depuis longtemps et ce sont des amis, c'est-à-dire que je n'ai pas à parler de trucs persos avec eux. Dans le pire des cas ils verront que je ne suis pas au top mais j'arriverai à esquiver, mon estime de moi se contentera d'en prendre un petit coup.

Ce qui est moins marrant car que d'ici là mes exams continuent, et que la semaine prochaine le boulot reprend donc je serai amené à croiser cette nana qui me plaît bien tous les jours. Ca serait chouette que j'aille mieux d'ici-là car sinon je suis bien dans la merde.

tl;dr : je ne sais pas si je suis en dépression molle (ma psy n'a jamais encore parlé de dépression) mais j'ai 24 ans et je me comporte comme un connard avec une meuf car j'ai peur qu'elle me méprise parce que ça ne va pas fort