La Théorie de la Femme Malade

Je suis d'accord avec toi sur le fait que ce serait une erreur d'appliquer la théorie de la Femme Malade et le point de vue de l'autrice a toute la grille de lecture féministe. Je trouve le point de vue intéressant et il permet d'envisager les choses d'une autre façon.

L'exemple des mouvements LGBT est un très bon exemple d'ailleurs. Les hommes cis gay, avant l'arrivée des mouvements LGBT, hormis quelques très rares poches priviligiées, ne pouvaient se définir homme qu'en cachant ce qui était considéré comme une maladie mentale. Lorsque la lutte a commencé à s'organiser, les hommes cis gay ont pu être dans des environnements où leur "handicap" n'en était plus un, à définir leur masculinité, et réaffirmer leur privilège masculin, pour finalement exclure et invisibiliser les lesbiennes (et les trans).

De la même façon que dans les espaces non mixtes femmes, si l'importance de l'intersectionnalité n'est pas reconnue, on peut observer des comportements classistes, racistes et validiste, qui reproduisent souvent les même schéma habituellement utilisé par les hommes dominants.

Mettre tout le monde dans le même sac et nier l'oppression spécifique du statut de femme (non pas, je le précise évidemment, en tant que catégorie biologique, mais en tant que catégorie sociale) me paraît profondément non féministe.

Ca semble en effet plutôt un texte contre le système capitaliste et validiste, sur lequel se base le patriarcat, qu'un texte contre le patriarcat. Je ne dirais pas que c'est profondément non-féministe (ça ne nie pas l'oppression des femmes en tant que catégorie sociale, ça la met moins au centre), en tout cas ça n'est pas anti-féministe.

En relisant, j'ai finalement bien plus l'impression d'un article sur la théorie queer que la théorie féministe, dans sa rhétorique. (On définit tout ce qui est considéré comme étant oppressif et on analyse tout ce qui est opprimé par cet oppresseur, plutôt que de s'intéresser à un groupe social et à pourquoi/comment il est opprimé).

Mais je peux aussi totalement me fourvoyer dans la façon de voir les choses, je ne suis pas spécifiquement militante féministe engagée (le débat des femmes trans dans le féminisme, associé à mes troubles mentaux m'empêche de m'engager), et je comprends tout à fait pourquoi cette vision des choses puisse amener à débat. Le texte se rapproche d'ailleurs beaucoup plus de texte anti-validiste et/ou de la théorie queer que j'ai pu lire, que de la théorie féministe, dans sa façon de présenter le rapport dominant/dominé.

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