Le soleil est tout juste visible au-dessus des arbres.

Normal, on est tôt le matin.

Il fait frais.

Tant mieux, le chaud ça détruit toutes les nuances.

Vous ne portez rien.

Dans mes bras. Je ne porte rien dans mes bras. Effectivement, quinze minutes plus tôt j'ai pris toutes les photos que je voulais de ce navire-cargo suspect quand j'avais la vue dégagée sur le bras de mer en contrebas et les cuves Texaco, et j'ai depuis rangé mon appareil photo et son gros télépobjectif pas très discret dans mon sac à dos.

Vous avez un peu faim.

Mais ça va quand même, il est pas encore midi douze.

Vous avez soif.

Oui, c'est souvent comme ça les lendemains de cuite.

Que faites-vous ?

J'ouvre mon sac à dos, boit un coup d'eau, sors ma carte du parc, ressors pour retrouver la route principale. J'étais dans les bois du Tsing Yi Trail. Je longe la route sur le trottoir (tout est prévu pour les piétons, c'est quand même chouette), me dirige vers la station MTR la plus proche, passe devant cette curieuse mosaïque faite de boutons de vêtements, et puis je prends le MTR direction le centre et descends à Kowloon. Je marche jusqu'à l'embarcadère des Star Ferrys direction Central. J'ai un pot de colle. Encore un vieux du continent qui prend des photos aussi discètement que si je me mettais à chanter la Marseillaise. Je marche et flâne, il se lasse, je remonte progressivement jusqu'au club des correspondants de presse. Avec mon accoutrement, le portier me laisse rentrer sans même me demander une carte. C'est là que je retrouve le DM pour un thé et un "croissant". Je lui demande comment ça se passe. Il me dit que tout le monde a encore décidé que le soleil se couchait, on ricane.