Bon réveillon et Joyeux Noël à tous !

C'est de bonne guerre, et c'est de ma faute, on est dans l'internet, considérer que tout n'y est que mensonge et apparences est finalement sain en 2019. J'aurais même pas dû céder à la tentation d'évacuer mon dégoût sur un écran, c'est comme pisser dans un violon.

Je ne vais pas me faire chier à aller prendre des photos, je ne te dois rien. Mais si jamais l'envie te prend, à toi où quelqu'un d'autre, d'aller vérifier : Le squatt qui a brûlé se trouve juste en face du "Jardin Extraordinaire" à Nantes. Tout a été laissé en plan. Le bonhomme en question ne sera pas difficile à trouver, ils ont déménagé leurs tentes à quelques mètres de là, et lui est Franco-Canadien d'après ce qu'il me disait. Le squatt punk du port de ma jeunesse s'appelait le Wagon, il a été détruit en 2004, et avant ça il était tellement réputé que même Tracks sur Arte y avait fait un reportage. Le Saint-Emilion entamé hier soir était un basique Chantet-Blanet 2017 dégoté à Leclerc Rezé pour un peu moins de 8€.

 

Maintenant, si à tout hasard tu fais partie de la nébuleuse Poulaga et que c'est ce qui t'a fait te sentir obligé d'intervenir, je te propose un petit supplément. La teneur en sera : Je vous méprise. Viscéralement.

Primo parce que je viens d'une famille de gendarmes, et que les poulets c'est un peu la version low-cost d'une corporation déjà pas toujours glorieuse.

Deuzio parce que j'ai bossé pour la maison d'en face, pour un service où le fonctionnaire le moins affuté avait généralement un bac+5 en poche. Et qu'à ce titre j'ai été confronté à deux ripoux se prétendant de chez vous, qui pour une raison qu'on ne m'expliquera vraisemblablement jamais, ont décidé un beau jour de 2012 de venir foutre mon existence en l'air. J'ai eu beau ouvrir ma gueule et tenter d'initier le nettoyage qui s'imposait, tout ce que ça m'a rapporté c'est d'être mis au placard, tant et si bien que j'ai fini par claquer la porte de toute cette pataugeoire néfaste, que j'avais visiblement un peu trop idéalisée.

Troizio et surtout, parce que l'une des premières questions qu'on m'avait posées pendant mon recrutement c'était "Si on vous donne un ordre illégal, que faites-vous ?", et que ma réponse, "Je refuse, c'est mon devoir", était la bonne. Et que ça me révulse qu'il existe, au sein même des rouages de notre République, des endroits où cette réponse puisse ne pas être une évidence. Dans une République et une Démocratie idéales, vos patrons ultimes sont vos concitoyens. Vous servez un idéal de société, pas le politicien moisi du moment. Et cette idée s'est visiblement perdue en chemin, en particulier chez vous.

Je ne doute pas qu'il existe encore dans vos rangs des gens équipés de hauts idéaux, comme je l'étais à mon arrivée. Des gens qui souhaitent défendre les plus vulnérables et briser les wannabe-tyrans de tous étages. Mais à la fin de la journée - et quelles que soient les belles histoires que vous vous racontez - vous en êtes désormais réduits à être les boucliers exclusifs des puissants contre "ceux qui ne sont rien". Contre vos concitoyens. Envers et contre l'idée même de ce que vous êtes censés représenter dans une société saine. La manière dont vous vous laissez aujourd'hui utiliser devient progressivement impossible à distinguer de la manière dont vos prédécesseurs étaient maniés pré-1789. Quand vous étiez un instrument de répression et de soumission forcée concentré dans les mains d'une minorité au pouvoir, plutôt qu'un outil de cohésion assurant le maintien de l'équilibre entre les citoyens et leurs élus, équilibre indispensable à toute République qui l'est dans les faits et pas seulement dans le nom.

Je vous méprise parce que je méprise tout être humain qui obéit sans jamais questionner. Parce que votre zèle aveugle permet la déliquescence du contrat tacite que chaque Français(e) a avec l'autre. Vous avez abandonné votre devoir moral au profit du confort de fermer sa gueule et suivre bêtement, rejoignant en ça les spécimens les plus crasseux de l'histoire humaine.

Quand Orwell écrivait "Si vous voulez une vision de l'avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain pour l'éternité", la botte, c'est vous.

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