Faire de longues études pour mal gagner sa vie

Je suis candidate au doctorat, et bien que ces statistiques soient absolument avérées, un élément de réflexion très important a été éclipsé. Plus souvent qu'autrement, quand tu veux commencer à enseigner comme professeur à l'université (dans un cheminement vers la permanence), tu dois commencer loin. La plupart des doctorants et post-doctorants sont dans des centres urbains, et la communauté qui les supporte y est aussi. Par contre, les emplois de professeur disponibles ont tendance à être en région (ex: UQAT, UQAC, UQAR, etc.).

Le mythe qu'il faut qu'on oublie, c'est celui de l'accessibilité aux charges professorales en milieu urbain. C'est difficile de se tailler une place comme professeur en ville, et le prix à payer pour rendre cela plus facile est souvent d'aller enseigner quelques années en région pour mieux revenir en ville.

La recherche est un milieu un peu en vase clos, où les gens se connaissent, et souhaitent connaître des gens qui pratiquent le même type de méthodes qu'eux (en plus d'être dans un champs de recherche connexe ou complémentaire).

C'est certain que les taux de placement pour les gens Hyper-spécialisés, comme ils disent, sont relativement bas par rapport aux diplômés de champs professionnels (ingénieurs, avocats, médecins, etc.). On passe entre quatre et six ans au doctorat, certes, à développer et rédiger une thèse qui va avoir un impact sur notre champ de recherche, mais aussi à collaborer dans des projets de recherche majeurs, publier des articles pour prendre notre place sur la sphère de la recherche, prendre des charges de cours pour obtenir de l'expérience d'enseignement, et participer à une quantité innombrable de colloques et panels, le tout dans un objectif de diffusion de notre savoir et de publication de notre recherche.

S'il existe encore des gens qui entrent au Ph.D. en 2016 en pensant que ça va être facile, qu'ils vont rapidement obtenir un emploi très bien payé, et qu'ils n'auront pas à faire de sacrifices, envoyez-moi un message, j'aimerais vous rencontrer.

J'aurai 29 ans au moment de terminer, une charge de cours assez régulière, et un certain nombre d'articles publiés et d'actes de colloque. Mon conjoint, qui a le même âge que moi, travaille à temps plein comme avocat depuis qu'il en a 25 (c'était un deuxième bacc).

On met du temps de notre vie active dans le développement du savoir, pas seulement pour nous, mais parce que nos champs de recherche nous tiennent à coeur, et nous voulons innover, changer les choses, obtenir de meilleures réponses que celles qui existent. Quand j'ai décidé de faire de la recherche ma vie, je ne l'ai pas fait pour faire de l'argent. Je l'ai fait parce que je crois fondamentalement que la passion que j'ai est une motivation suffisante pour me permettre d'innover, de travailler sans relâche, et de développer des connaissances qui rendront la qualité de vie de chacun meilleure.

De plus, c'est complètement anecdotique, mais je viens d'une famille de «basse classe moyenne», donc pour moi, 45 000$/an, c'est vraiment beaucoup d'argent, considérant qu'une famille de 6 chez nous a grandi sur environ 60 000$/an. Mon premier chèque de paie comme chercheure en résidence, je le trouvais tellement gros que je ne savais pas quoi faire avec.

/r/Quebec Thread Link - ici.radio-canada.ca