En ces temps de grand froids, ces temps où le péquin moyen ne peut retenir un rictus idiot en répétant à qui veut l'entendre "parlez m'en donc, du réchauffement climatique !", j'ai finalement dû céder devant les morsures du froid sur mes appendices et me suis fait offrir une paire de gants pour protéger mes douces mimines. Une jolie paire de gants de cuir offerts par ma génitrice, qui a bien pris soin de les choisir dans un atelier local apparemment producteur de ses articles dans la petite ville qui m'a vu grandir - j'ai du mal à y croire mais pourquoi pas.

Depuis, je découvre la joie de ne plus avoir froid aux mains en plein hiver tout en gardant un brin de classe vestimentaire (un brin, hein, je suis redditeur sur /r/france...). Mais tout bon côté à son versant sombre et je découvre donc également les épreuves qui attendent quotidiennement le bourgeois qui a l'audace de protéger ses mains des assauts de la météo : jamais ne m'a-t-il été aussi difficile de me saisir au premier essai de mon pass navigo logé au fond de ma poche, de parvenir à sortir ma carte bleue du portefeuille ou de ramasser une pièce tombée au sol... Dans ces moments-là, je dois souvent me résoudre, après un ou deux essais infructueux, à marquer une pause dans mon action pour ôter mon gant droit et dévoilant mon appendice nu, répéter l'opération sous le sourire narquois d'un prolétaire qui voit dans ma mésaventure une victoire populaire. Mais là n'est pas le pire.

Le comble des malheurs est, ô misère! de ne pas pouvoir parvenir à naviguer mon téléphone intelligent quand mes mains sont protégés. Car apparemment, rien n'est moins tactile qu'un gant de cuir. Après avoir expérimenté avec différents angles d'attaques - pulpe du doigt, côté phalanges, doigt à 90° ou 45°, pouce, auriculaire... - rien n'y fit. Et ce ne sont pas les trois pauvres boutons le long du fil des écouteurs, piètre parodie de télécommande, qui vont me sauver : bien trop fins pour être détectés lorsque mes mains sont vêtues, mon taux de réussite pour les activer ne doit pas dépasser les 5%...

Trop fier pour m'avouer vaincu, et redoublant d'inventivité, j'ai finalement mis au point la technique ultime que ni le vent froid ni la neige n'ont su arrêter : je navigue mes podcasts avec mon nez.

Bon, il ne faut pas être pris d'éternuements, avoir la goutte au nez, ni avoir trop d'amour propre, mais pour le moment ça marche.