Un des trucs qui me manquera après le départ de mon taff, c'est la nourriture. Les restaurants, les espaces privés, les cocktails, les petits-déjeuners, les déjeuners et tous ces trucs.
Ce matin, un élu, un économiste et un représentant "privé" passaient pour une table-ronde. Comme d'hab', il y avait plein de nourriture dès la fin de leur intervention qui nous attendaient à l'extérieur.
NOMNOMNOM.
Ça me manquera. Ça, et les quelques missions qui me permettaient de placer un peu ce que je voulais dans certains milieux "à pouvoir", des éléments de langage, des idées, des propositions. Ou lorsque j'ai pu négocier dans plusieurs situations. Sensation de "faire partie du mouvement" (=> un truc qui passe à la télévision ou dont on parle dans les journaux, quoi). Mais c'était une illusion, bien entendu.
Des gens participant à ce genre de dynamiques, il y en a des dizaines voire des centaines de milliers. La moindre décision ministérielle, industrielle ou politique incluent une quantité considérable d'individus et d'enchaînements jusqu'aux décisions finales. Et vous rencontrerez toujours des tonnes de gens ayant l'impression de faire partie d'un système imaginaire dans lequel ils comptent beaucoup.
Il y a d'ailleurs de véritables tragédies à ce niveau. Des types qui se font dévorer par leur taff, qui ont vraiment l'impression de porter avec eux l'avenir de leur boîte, de la République ou d'un parti politique, alors qu'on les oubliera aussi vite qu'on les a intégré. Des questions d'égos à contenter et une volonté d'immortalité assez vaine.
Encore une fois, c'est une question de point de vue. Pendant une période, lorsque j'avais encore le temps pour jouer aux jeux vidéo, je n'y arrivais pas. Je me mettais derrière Deus Ex : Human Revolution et me disait au bout de 5 minutes que ça ne servait à rien de jouer au futur alors qu'on vit dans le futur, déjà. On vit une époque qui aurait fait bander n'importe quel auteur de science-fiction. Et un type derrière son ordinateur, pleinement valide, avec un job et un peu d'argent, peut s'inscrire dans ce mouvement, dans ce futur, aujourd'hui.
Si on veut faire partie d'un monde en mouvement, tant qu'on est pas totalement à la ramasse, on peut le faire. On peut participer à cette illusion sans trop de souci. On a tout de même de la chance de vivre à notre époque.