Netanyahou, président de la droite américaine ? Le Monde diplomatique

Dans le mois qui a suivi l’entrée du Canada dans la guerre menée par les États-Unis contre l’État islamique (EI), les forces canadiennes ont effectué plus de 100 sorties aériennes. Lorsque les médias lui ont posé des questions sur les morts irakiens, le porte-parole militaire n’y a trouvé aucun intérêt : « Ce qui nous préoccupe ce ne sont pas les victimes, ce sont les effets sur le terrain », a-t-il dit. L’armée se garde bien de dévoiler le nombre de civils qu’elle a tués. Et alors que les médias mettent en garde contre les possibilités d’extension de la mission au-delà des objectifs initiaux et que les États-Unis envisagent une intervention au sol, le premier ministre Stephen Harper refuse d’exclure par avance quoi que ce soit.

Le gouvernement canadien a déployé quelque 600 soldats et dix avions de combat pour la guerre en Irak. Pendant ce temps à Ottawa, le régime conservateur poursuit la même guerre mais sous une forme différente, en introduisant de nouvelles lois « anti-terreur » qui vont saccager ce qui reste de libertés civiles ici. La relance de la guerre impérialiste au Proche-Orient a aussi alimenté une offensive contre les musulmans, qui sont depuis longtemps la cible du gouvernement et, dans la rue, des racistes. Les attaques contre les musulmans se sont multipliées, des mosquées sont vandalisées, et des associations et politiciens islamiques reçoivent des menaces.

La classe ouvrière a tout intérêt à s’opposer à la guerre d’Obama et Harper. Chaque revers militaire subi par les impérialistes créerait des conditions plus favorables pour la lutte des classes ici. D’un autre côté, si les travailleurs dans les centres impérialistes s’opposaient à la guerre, cela aiderait la lutte contre les déprédations impérialistes à l’étranger, lesquelles ravagent les pays au Proche-Orient et ailleurs.

En tant que marxistes, notre vision du monde est à tous les égards hostile à celle des islamistes réactionnaires de l’EI et à leurs objectifs. Nous condamnons les atrocités communales de tous les camps. En d’autres circonstances, des forces rétrogrades comme l’EI (qui a grandi au sein d’Al-Qaïda en Irak) servent parfois de laquais à l’impérialisme américain contre les luttes des travailleurs, des femmes et des minorités opprimées.

Auparavant, lors du conflit intercommunal entre Sunnites et Chiites qui déchirait l’Irak et la Syrie, les travailleurs du monde n’avaient aucun camp à soutenir. Cependant, le bombardement actuel mené par les États-Unis est une guerre impérialiste de brigandage, liée à la campagne menée par Washington et ses alliés pour renforcer l’assujettissement des peuples de cette région. À bas la guerre impérialiste contre l’EI ! Troupes canadiennes et américaines, hors d’Irak et de Syrie !

Harper et Mulcair, unis et solidaires

Le régime conservateur a utilisé la mort de deux soldats canadiens fin octobre pour renforcer le soutien à la guerre et aux nouvelles lois répressives. Le 20 octobre dernier, Martin Couture-Rouleau a foncé sur deux soldats avec sa voiture à Saint-Jean-sur-Richelieu, au sud de Montréal. Poursuivi par la police, il a été tué par balles lorsque son véhicule s’est renversé. Un des deux soldats est mort de ses blessures peu après. Deux jours plus tard, Michael Zehaf Bibeau tuait un soldat au Monument commémoratif de la guerre à Ottawa, puis entrait dans l’édifice principal du Parlement. Il a été abattu par une rafale de coups de feu, à quelques mètres du placard dans lequel s’était caché le Premier ministre.

Le lendemain au Parlement, Harper, le chef du NPD Thomas Mulcair et le chef libéral Justin Trudeau, unis et solidaires, ont échangé des accolades. Ces démonstrations d’« unité nationale » viennent naturellement chez ces politiciens; les trois chefs se battent à coup d’épée en carton lorsqu’il s’agit de bagatelles parlementaires, mais ils sont unis comme un seul homme sur les questions importantes, et ce, malgré le lien historique des néo-démocrates avec le mouvement ouvrier. Dans une allocution télévisée, Mulcair a salué « les braves hommes et femmes de nos corps policiers, des services de sécurité et de nos Forces canadiennes », entonnant : « nous avons aussi eu la chance de voir votre courage à l’œuvre. Vous avez incarné la force, la vaillance et les valeurs de tout le Canada ».

La « vaillance » du gouvernement canadien et de son armée consiste à faire la guerre à des populations sans défense. Ce « courage à l’oeuvre » consiste à bombarder des civils depuis les airs.

Aux dires de tous, Couture-Rouleau et Zehaf Bibeau, tous deux convertis à l’Islam, étaient des individus dérangés qui ont agi seuls. Pourtant, avec une effronterie complètement prévisible, le gouvernement a émis de sinistres avertissements au sujet d’une menace « terroriste » concernant toute la population. Des policiers équipés militairement ont assiégé Ottawa pour la journée et des mesures de confinement ont été imposées aussi loin qu’à Victoria et Halifax. Les scribes des médias capitalistes ont couvert les meurtres avec sensationnalisme, geignant que le Canada avait « perdu son innocence » et « ne serait plus jamais le même. »

Innocence ? L’État capitaliste canadien est depuis longtemps un partenaire impérialiste subalterne et fidèle des États-Unis. À cette fin (et pour ne citer que quelques exemples) : au début des années 1950, le Canada a participé à une guerre anticommuniste en Corée qui couta la vie à trois millions de personnes en seulement trois ans. À compter de 2001, les États-Unis, le Canada et d’autres forces impérialistes ont envahi l’Afghanistan, bombardant et torturant, rasant village après village dans une contre-insurrection qui dura plus d’une décennie. En alliance avec leurs alliés de l’OTAN et ses lèches-bottes, ils ont fait pleuvoir la mort en Libye en 2011, amenant au pouvoir des factions rivales d’islamistes réactionnaires, dont les orgies de torture et d’assassinats ont complètement ravagé le pays. http://www.icl-fi.org/francais/suppl/suppjanvier2015/syrie.html

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