Politiciens, artistes qui la voyaient mécène, avocats, conseillers, photographes malins, domestiques soumis mais déloyaux… Le petit monde de Paris se pressait sous ses fenêtres. Lilianne Bettencourt incarnait la richesse mais aussi toutes les perversions du capitalisme à la française

Liiliane Bettencourt est partie dans le calme de son hôtel particulier. « Ma mère est partie paisiblement », écrit sa fille unique, Françoise. Il faut dire que ces dernières années, la maladie l’avait soustraite aux bruits et rumeurs de la ville.

Mais à peine éteinte, les chroniqueurs de tous bords ont aussitôt rappelé que les dernières années de sa vie l’avaient placée au cœur d‘un procès pour dérapage incontrôlé sur les tapis du capitalisme dépravé.

A écouter les uns et les autres, Liliane Bettencourt jetait son argent par les fenêtres et il se trouve que sous les fenêtres, le petit monde de Paris se pressait. Les artistes qui la voyaient mécène, les avocats, les conseillers juridiques, les conseillers en patrimoine,les photographes trop gentils maismalins, les domestiques soumis mais déloyaux… Et les hommes politiques qui se pressaient peut-êtrecomme autrefois quand leurs ainés venaient chercher des enveloppes à l’hôtel particulier de Neuilly pour payer les petites mains qui collent les affiches électorales.

Bref, la cour qui entourait Mme Bettencourt était avide, obséquieuse, gourmandeet souvent méchante. Son entourage très proche, sa fille et ses petits enfants, n’ont eu de cesse que de la protéger de tous ces aigrefins et en particulier de tous ceux qui profitaient de son grand âge.

Dans une vulgaire maison de retraire de province, on n‘était plus qu’à Neuilly à l’abri des risques d’abus de faiblesse, mais quand même.

Ce qui est injuste dans cette histoire, c’est que LilianeBettencourts’en est allée avec une image abimée et pour beaucoup détestable. L’image d’une héritière richissime qui ne savait pas quoi faire de son argent et qui le gardait jalousement pour assouvir ses caprices ou ses envies de toute sorte.Un peu comme une vieille dame qui aurait décidé de transgresser tous les codes de la discrétion dans laquelle elle aurait dû passer sa vie. Liliane Bettencourt a donc joué les vieilles dames indignes sur la presque fin de sa vie et ça lui est retombée dessus.

C’est assez injuste. Liliane Bettencourt aurait mérité une analyse plus nuancée.

D’abord, elle était riche, très riche, la femme plus riche du monde. Sa fortune était estimée à près de 40 milliards d’euros. Elle percevait 500 millions de dividendes par an. Les chiffres sont tellement astronomiques qu’on ne s’imagine pas le poids réel. 500 millions de revenus annuels, c’est 50 000 fois le SMIC annuel. Donc ça ne veut rien dire.

L’opinion publique n’aime pas la fortune financière. Elle adore celle des footballeurs mais pas celles des industriels, encore moins celles des héritières. Donc, personne en France ne pourrait réussit à gérer l’impact social d’une telle fortune. Et pourtant,si elle existe, c’est un produit du système. Du coup, sous prétexte qu’il existe ce type d’aberration, certains veulent démolir le système. « Le capitalisme est le plus mauvais des systèmes, dit Mélenchon, puisqu‘il secrète de telles inégalités ». Ok, Liliane Bettencourt, sans le vouloir, aura permis aux populistes de remettre une couche de démagogie.

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